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Claude Fagedet.
L’enchanteur au bois dormant.

 Jeunes filles en crinolines mélancoliques, pioupious farauds, Promenade des Barques baignée de soleil, remparts de Narbonne avant leur démolition…autant de photographies anciennes de la fabuleuse collection de Claude Fagedet, fruits d’une longue patience et d’une immense curiosité, forgées au feu d’une lignée de photographes. Le premier, le grand-père, simple amateur, transmit sa passion à son fils, installé dans les années 1930 à Narbonne, qui à son tour, allait convaincre le sien. Après des études en espagnol bien avancées à la Faculté de Toulouse, trop lointaine, et des perspectives de carrière dans l’enseignement bien ténues, Claude se range au côté de ses parents dans le magasin studio. Débute alors une carrière bien remplie dans sa diversité qui le fait passer des poses pour les naissances ou les mariages à tous les travaux de développement et de tirage sans souci des heures passées à la tâche.

Parallèlement il devient le « grand reporter » de Narbonne, couvrant toutes les manifestations de la ville, les fêtes, les réunions des cercles, les concours de pétanques, les inaugurations, les discours politiques, les faits-divers…mais il tient aussi le rôle de chroniqueur sportif, local d’abord, avant de couvrir, véritable feu follet, les stades de Narbonne, Béziers, Carcassonne et Lézignan, où se déroulent les matches de rugby à XIII. Au cours des jours, il devient un des meilleurs connaisseurs des arcanes de sa ville et de ses secrets, aussi bien les petits que les grands, des coutumes et des usages, du quotidien au fil des saisons. Il serait vain pour autant, de ramener au rang d’un modeste chroniqueur de clocher cet acteur, véritable Rouletabille, se transformant si nécessaire en témoin des grandes mutations ou d’événements excédant largement le local : accompagnant les grands moments de la Mission Racine qui procède à l’aménagement du littoral, il suit avec attention les travaux pharaoniques qui vont fixer le nouveau visage de la Narbonnaise, sans négliger les scoops, comme ces prises de vue réalisées lors de la visite du général de Gaulle à Malvézy.

Indéfectiblement pourtant le photographe reste attaché à la mémoire de sa ville, celle de son enfance et de sa jeunesse dont il raconte l’histoire au quotidien dans les centaines de pages de ses mémoires inédits, Né dans un bain de révélateur, ou Magné, écrit en hommage à sa grand mère. Très tôt donc, pour compléter les archives familiales il se met à l’affût de tous les documents anciens, cartes postales, photos, daguerréotypes, nourrissant ainsi des collections qu’il ouvre largement aux chercheurs, peu soucieux de gloire personnelle malgré le succès de ses publications sur Gruissan au temps des chalets ou celle consacrée au vieux Narbonne. Reste un autre jardin secret de cet amoureux de sa petite patrie : ses grands reportages sur la vie quotidienne de l’Espagne et des peuples du monde qu’il a effectués au cours de ses nombreux voyages,  écho d’une universalité dont il se fait le chantre.


Contact

claude.fagedet@orange.fr

texte écrit par Jean-Pierre Piniès


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