L’étang de Bages-Sigean est caractérisé par 2 types d’apports continentaux : les apports d’eau douce par les bassins versant naturels et les apports via le canal « artificiel » de la Robine, dont la prise d’eau se situe sur le fleuve Aude.

Les apports d’eau douce issus des bassins versants se produisent lors d’évènements pluvieux avec plus ou moins de débit selon l’intensité des pluies. Les apports par le canal de la Robine peuvent être indépendants des pluies et donc des saisons.

Les apports naturels ont un profil annuel plutôt en « U » (beaucoup d’apport en hiver, automne et peu d’apport en été) alors que les apports par la Robine, jusqu’à présent, ont un profil annuel de type « constant », linéaire avec des apports estivaux relativement importants.

Contexte de la gestion de la ressource en eau

Afin d’atteindre le bon état des eaux, il est essentiel d’obtenir un équilibre entre les ressources et les quantités prélevées. L’Agence de l’Eau s’investit aux cotés des services de l’Etat, pour la réalisation d’études de détermination des volumes prélevables dans chaque territoire déficitaire (recherche du débit minimum biologique).

Ainsi, une étude a été réalisée à l’échelle du bassin versant de l’Aude. Elle a permis de définir un débit minimum biologique dans l’Aude (4m3/s au niveau du seuil de Moussoulens-secteur de prise d’eau de la Robine) et à conduit à mettre en place un outil : le Plan de Gestion de la Ressource en Eau (PGRE).

Dans le cadre de ce PGRE, les besoins en eau sur la Robine ont été identifiés et vérifiés auprès des différents acteurs.

Il y a une pression importante sur la demande en eau en période estivale sur la Robine: plus que les besoins nécessaires (agricole, roselière…).

Or, ce surplus d’eau parvient aux étangs (souvent avec du N et du P) et peut causer des déséquilibres : c’est notoire sur Campignol (dystrophie) et vrai dans une moindre mesure (de par la taille de cet étang) sur Bages-Sigean.

Les étangs n’ont donc pas forcément besoin de ce surplus d’eau douce en été.

Le PNR, souhaite donc que les apports par la Robine aux étangs ne soit plus « constants » dans l’année, mais plutôt avec un profil le plus naturel possible (en U). En ce sens, des simulations d’apports ont été réalisées.

Les simulations avec Mars 3D

Dans le cadre du groupe de travail PGRE avec l’Etat, le SMMAR, le CD11, la Région, l’Agence de l’Eau et le Parc, il a donc été décidé de simuler l’impact sur la salinité de Bages-Sigean de cette modification des apports d’eau douce en période estivale, notamment via le Canélou.

  • avec la coupure des apports d’eau douce via le Canélou de juin à septembre
  • avec la coupure des apports d’eau douce via le Canélou de juin à septembre et redistribution de cette eau « économisée » pendant les 8 autres mois de l’année.

L’objectif premier était de voir si ces modifications entrainaient des variations de salinité au sein de la lagune et à quelle hauteur.

A noter que d’un point de vue hydrodynamique, le modèle a mis en évidence que la lagune peut être considérée comme étant composée de 2 bassins : un au nord de la ligne « ile de l’Aute » avec une influence plutôt continentale, l’autre au sud sous influence marine.

Les premières simulations réalisées par l’Ifremer, relatives au scénario a), mettent en évidence une augmentation assez marquée de la salinité en période estivale sur le bassin nord (2 unités de salinité en plus) en comparaison au scénario de référence (situation actuelle). Ces variations sur le bassin sud sont moindre (+ 1 unité). Par contre, 3 mois après la réouverture du Canélou, les salinités redeviennent équivalents au scénario de référence.

Lorsque l’eau est redistribuée les 8 autres mois de l’année, cas du scénario b), en comparaison avec le scénario de référence, on a une dessalure un peu plus marquée en hiver (avec un pic de – 1 unité pour le bassin nord et -0,5 unité pour le sud en mai) et une augmentation de la salinité en période estivale (même si moins importante que pour le scénario a)) avec un pic en septembre ( + 1,5 au nord et + 1 au sud).

Ce scénario tend à accentuer les amplitudes interannuelles par rapport au fonctionnement actuel.

L’impact de ces scénarios sur l’eutrophisation

Ces scénarios sont actuellement testés dans le cadre d’un autre modèle « gamelag », afin d’évaluer l’impact de ces scénarios en matière d’eutrophisation sur la lagune.

Les informations recueillies permettront d’orienter les futures gestions des apports d’eau douce de la Robine à l’étang de Bages-Sigean.

Partenariat PNR /IFREMER

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