La lutte contre les toxiques

Les toxiques sont des molécules organiques (hydrocarbures, pesticides) ou des métaux lourds qui peuvent impacter notre santé mais également la faune et la flore aquatiques. Le Parc, avec ses partenaires, mène des actions visant à limiter les apports de ces éléments nocifs aux milieux naturels.

Les apports d’éléments toxiques aux milieux aquatiques sont avérés sur ce territoire. Ils limitent certains usages liés à l’eau. Ainsi, le cadmium, issu d’une activité industrielle passée sur le bassin versant, s’est concentré dans l’étang de Bages-Sigean et a conduit dès 1991 à l’interdiction de l’exploitation et de la consommation des coquillages de l’étang. En 2011, la pêche en vue de la consommation et de la commercialisation dans les canaux de Tauran et de la Robine a été interdite (arrêté préfectoral n°2011-332-0004). Les paramètres en cause sont les HAP, le Cadmium et l’Arsenic.

D’autres paramètres sont retrouvés dans les milieux aquatiques. Ainsi, les différents suivis menés par l’Ifremer (Réseau d’Observation de la Contamination Chimique, Réseau Intégrateur Biologique) mettent en évidence la présence de HAP dans les milieux lagunaires du territoire du Parc.

Enfin, le territoire est très dynamique en matière d’observation et de lutte contre les pesticides, répondant ainsi aux enjeux réels observés (cf suivis de 2005 et 2007 sur les tributaires des étangs du Narbonnais dans le cadre du Défi « Toxiques » -étude « PEPS LAG » (Ifremer, février 2013) par échantillonneurs passifs sur Bages-Sigean, Campignol et La Palme ; étude 2015 (PNR) par échantillonneurs passifs sur les étangs gruissanais et leur tributaire).

Plus récemment, des questions récurrentes sur la présence de molécules émergentes (entre autres médicamenteuses) ont été formulées. Cette problématique nationale pourrait faire l’objet d’une attention particulière sur le secteur du Parc, qui est, de par son statut, une zone d’expérimentation.

Les pesticides

Parmi les actions mises en œuvre sur le territoire du PNR, voici quelques exemples non exhaustifs de projets qui ont été développés :

Actions menées auprès des services publics

  • 0 pesticide sur les voies ferrées, 2010/2011
    Partenariat PNR/SNCF /DRAFF sur la portion de voie entre Narbonne et La Franqui (c’est une première nationale)
    Ce projet a consisté à réaliser des expérimentations d’alternatifs aux traitements chimiques sur le bord des voies. Aujourd’hui, plus aucun pesticide n’est épandu sur cette portion de voie (soit une économie de plus de 50 kg de matière active).
  • 0 pesticide sur les routes départementales et les collèges, depuis 2014
    Partenariat du PNR / Département de l’Aude
    Le Parc accompagne le département de l’Aude dans le cadre de la démarche de suppression de pesticides. La zone d’expérimentation était ciblée sur le territoire du Parc. Depuis, le département a étendu la démarche à l’ensemble du Département.
  • 0 pesticide sur la base aérienne du Plan de Roque 2015
    Partenariat PNR/ FREDON/CD11/Armée de l’air
    Le changement de pratique a pu se mettre en place grâce à la réalisation d’un Plan d’Amélioration des Pratiques Phytosanitaires et Horticoles (PAPPH).
  • Labellisation des communes sans pesticides depuis 2015 / Réalisations de PAPPHP
    Partenariat PNR/Grand Narbonne
    Le Parc accompagne des communes pour l’obtention de labels régionaux ou nationaux, traduisant les limitations voire suppression d’emploi de pesticides (Armissan, Sigean, Portel des Corbières…).

Actions menées auprès d’entreprises et de professionnels

Formation pour les gites et chambres d’hôtes sur les jardins d’ornement en 2015
Partenariat PNR/CCI
Le Parc a travaillé sur l’Édition d’un livret sur les jardins d’ornement et a réalisé une formation permettant d’aborder les notions de plantes méditerranéennes, de paillage, et d’entretien d’espaces sans pesticides.

Réduction des impacts liés aux pesticides en milieu agricole
Partenariat PNR/SIVOM Corbières Méditerranée
Depuis 2005, le Parc a accompagné le SIVOM Corbières Méditerranée pour réaliser des aires de remplissages sécurisé (récupération et traitements d’effluents phytosanitaires). Le Parc a également animer des réunions pour contractualiser avec des exploitants (MAE) pour réduire les intrants au sein des parcelles.

Actions auprès des habitants

Formation pour les particuliers « jardiner sans pesticides » depuis 2016
Partenariat PNR/Jardins des cheminots/Communes du Parc
Le Parc a édité le livret « jardiner sans pesticides » et organise des formations pour les familles de la Narbonnaise engagées dans le Défi famille économe et des habitants de communes lancées dans les démarches 0 phyto.

Organisation de réunions publiques
Le Parc organise des réunions publiques pour informer les habitants des communes sur les pesticides et leur impact sur la santé et les milieux aquatiques.

Actions de suivis environnementaux

Suivi des pesticides dans les étangs du PNR depuis 2015
Partenariat PNR/IFREMER

Le Parc procède a des suivis à base d’échantillonneurs passifs sur les étangs gruissanais, le canal de la Robine et la Berre. Cela lui permet d’acquérir des données pour diffuser de l’information et établir des plans d’action.

Les métaux lourds

Sur notre territoire, les pollutions ou contaminations par les métaux lourds ont un caractère plutôt historique : ces apports se retrouvent donc dans les sédiments des cours d’eau, des canaux ou des étangs.

  1. Secteur Cadariège-Robine-étang de Bages-Sigean : le cadmium

Le cadmium est un métal lourd qui s’est accumulé au fil du temps dans les sédiments de la Mayral, de la Robine et dans l’étang de Bages-Sigean. Afin de reconquérir la qualité des milieux vis-à-vis de ce métal, la décision du dragage d’une partie des sédiments de cours d’eau a été entreprise.

Le Parc, en partenariat avec l’Ifremer et RETIA (l’exploitant chargé du dragage) a souhaité mesurer l’efficacité de l’action (avant/pendant/après dragage) et l’état des lieux de la situation après dragage. Ainsi, un suivi innovant à base d’échantillonneur passif a permis de rendre compte que le maximum de ce qui pouvait être réalisé sur le bassin versant a été fait. Il faut maintenant « attendre » que le cadmium présent dans l’étang s’exporte petit à petit vers la mer.

2. Secteur du Valadou – Estarac ou Mourel Redon-étang de Bages-Sigean : tous métaux

Un groupe de suivi SUEZ-DREAL- Parc permet de suivre de façon annuelle l’évolution des concentrations en métaux dans les sédiments des cours d’eau situés en aval du site d’exploitation Lambert 1, 2 et 4. Le Parc effectue les suivis et interprète les résultats. Ce « réseau » partenarial de surveillance permet de répondre notamment aux questionnements des citoyens sur l’impact de l’activité sur le milieu récepteur.

3. Secteur de la Robine : l’uranium

Le Parc, dans le cadre de ses missions de suivi de la qualité des eaux a souhaité apporter des précisions sur la présence de l’uranium en tant que métal (et non radioélément) dans les sédiments de la Robine. L’objectif était de vérifier qu’il n’y avait pas de contamination des sédiments par ce métal lourd comme ce fut le cas pour le cadmium dans les années 80.

Les suivis de métaux dans les sédiments permettent de mesurer le caractère « historique » d’une éventuelle contamination. Une analyse de l’Uranium dans les sédiments des différents fleuves de la région (l’Aggly ; l’Hérault, l’Aude et la Robine) a donc pu faire l’objet d’une comparaison.

Il en ressort qu’une légère anomalie est observée de 2011 à 2013 mais cela ne traduit pas une contamination significative, comme celle qui a pu être observée pour le cadmium dans les années 80.

Les hydrocarbures

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) font partie des toxiques présents sur le territoire. Ils apparaissent dans les suivis de l’eau, des sédiments et même dans les suivis de la matière vivante (moules). Ces éléments proviennent de la combustion des engins utilisant des moteurs à combustion (véhicules à moteur sur le bassin versant et bateaux sur les canaux, l’étang et les ports). Une estimation des apports de HAP provenant du bassin versant des étangs a été menée par le Parc dans le cadre du Défi « Toxiques » sur les étangs du Narbonnais (lien vers cette note). Ces estimations ont néanmoins permis de déterminer que près de 2 tonnes d’hydrocarbures pouvaient être drainées jusqu’aux milieux aquatiques lors d’évènement pluvieux.

Au niveau du bassin versant, les agglomérations urbaines les plus importantes sont prioritairement concernées. Ainsi, la gestion des réseaux pluviaux représente un enjeu important pour cet objectif de réduction des apports de HAP.

La limitation de ces apports passe également par les notions d’entretien des fossés par des actions de faucardage et non de curage (les végétaux permettent de « retenir » les hydrocarbures lors d’évènement pluvieux). Deux expérimentations en partenariat avec le PNR sont en cours, l’une avec l’antenne des routes du Département de Sigean et l’autre avec la commune d’Armissan.

Concernant le volet maritime, des rejets de HAP sont encore observés dans le port de Port-La-Nouvelle. Le PNR a pour projet d’accompagner le porteur du projet pour la mise en place d’une station de récupération des eaux de cale.

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